Les agriculteurs en tireraient des avantages, c’est indéniable. Mais au regard de la conjoncture, les acteurs cherchant à capitaliser sur l’essor du marché mondial du CBD sont sans doute les plus enthousiastes à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Guy Coxall est président de HempTank et directeur de la conformité de la Cannabis Trades Association. Il livre une analyse sans équivoque.
« Les variétés de l’UE ont été traditionnellement élevées pour la tige et les graines, et non pour la CBD, et la plupart sont monoïques – les deux sexes sur la même plante – produisant ainsi des fleurs et des semences ; avec beaucoup d’énergie pour produire des semences au lieu de cannabinoïdes », déclare-t-il. « Cependant, l’augmentation de 0,3% offre la possibilité de sélectionner des plantes dioïques ou femelles présentant des niveaux de CBD beaucoup plus élevés. Et ce sera une bonne nouvelle pour l’agriculteur, car plus il y a de cannabinoïdes, en particulier de CBD, plus la valeur de leur récolte est grande », poursuit Coxall.
Il est utile de rappeler que le chanvre avec un ratio de 0,3% de THC produit généralement des taux de CBD allant jusqu’à 15%. Le chanvre de l’UE à 0,2% de THC, lui, dépasse difficilement les niveaux de CBD de 3%.
En avril de cette année, le Parlement européen a validé un ensemble d’amendements relatifs à la politique agricole commune de l’UE. Il prévoit que les limites de THC passent de 0,2% à 0,3%. La modification proposée pourrait entrer en vigueur en 2021.
À date, on dénombre 68 variétés de chanvre sur la liste de l’Union Européenne. Toutes ont été sélectionnées pour leur faible teneur en THC et leurs caractéristiques (tiges fortes – pour les fibres et les graines en abondance – pour la nourriture).
Le timing de cette décision de l’UE ne laisse pas de place au hasard. Elle fait suite à une décision prise par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)) au début de l’année, selon laquelle tous les produits à base de CBD contenant moins de 0,2% de THC devraient être supprimés de toute liste de médicaments.
Les Nations Unies devraient par ailleurs ratifier cette recommandation en novembre de cette année, d’après Guy Coxall : « L’équipe politique de HempTank est en train d’élaborer des livres blancs et une stratégie de lobbying pour inciter la Sécurité Intérieure à adopter les directives de l’OMS et à soutenir la communauté agricole du Royaume-Uni après le Brexit. »
Il poursuit : « Actuellement, les États-Unis sélectionnent des cultivars de chanvre pouvant atteindre 15% de CBD, mais ils n’ont aucun intérêt à les enregistrer dans le catalogue commun de l’UE en raison des coûts et de la bureaucratie. L’augmentation à 0,3% de THC incitera les éleveurs européens à faire de même, mais cela prendra du temps. La Sécurité Intérieure est supposée protéger cette terre ; la meilleure chose qu’ils pourraient faire pour notre communauté agricole et nos perspectives économiques serait de traiter le chanvre de la même manière que n’importe quelle autre culture agricole. ». Des remarques empreintes de bon sens.
