THC et CBD : les différences
Le THC et le CBD sont deux molécules issues de la même plante, le chanvre. Pourtant, les différences sont nombreuses entre ces deux cannabinoïdes.
Dans notre précédent article nous avons parlé de la différence entre le THC et le CBD au niveau de la dépendance. La conclusion était que le tétrahydrocannabinol (THC) pouvait provoquer une dépendance, contrairement au cannabidiol (CBD).
Suite à cet article, vous avez été nombreux à nous envoyer des messages avec plusieurs questions sur le THC. Signe que le sujet méritait d’être approfondi !
Et on vous comprend, tout n’est pas très clair. Le THC est-il mauvais pour l’organisme ? Dans quel cas peut-on consommer du THC ? Y’a t’il vraiment des différences entre le THC et le CBD ?
Pour mieux consommer, nous pensons qu’il est crucial de bien comprendre les effets de ces molécules. De la structure chimique aux propriétés en passant par les risques, partons à la découverte des principaux protagonistes de l’univers du cannabis : le cannabidiol et le delta-9-tétrahydrocannabinol.
Les différences fondamentales entre le CBD et le THC
Structures chimiques et propriétés distinctes
Parlons d’abord chimie. Le CBD et le THC ont une structure chimique similaire avec 21 atomes de carbone, 30 atomes d'hydrogène et 2 atomes d'oxygène. Pour les connaisseurs, cela donne : C21H30O2. La différence se situe au niveau de la façon dont les atomes sont agencés. Même atomes mais structures différentes !
Qu’est ce que cela implique ? Tout simplement que la façon d'interagir avec notre organisme va légèrement différer. Concrètement, cela donne quoi ?
Et bien, le THC possède une structure qui va se lier directement aux récepteurs CB1 de notre système endocannabinoïde, notamment dans le cerveau. Il va ainsi modifier votre perception et votre état mental, provoquant une sensation de "high".
Le CBD, en revanche, interagit de façon indirecte. Ses actions ? Il module les effets du récepteur CB1 et va réduire certains effets indésirables du THC par exemple (lorsque CBD et THC sont associés). En ce qui concerne le récepteur CB2, le cannabidiol va l’activer partiellement et ainsi participer à un effet anti-inflammatoire (en favorisant la libération de cytokines, en régulant l’activation des lymphocytes…).
Les deux substances sont psychoactives, par définition, elles agissent sur le cerveau. Mais pas au même niveau. On a une première différence sur les propriétés de ces cannabinoïdes. Cette différence, vous l’aurez compris, va avoir un impact sur leurs effets.
Effets sur le cerveau et le corps humain
Nous avons évoqué notre système endocannabinoïde (SEC), revenons brièvement sur le sujet afin de bien comprendre de quoi on parle.
Il s’agit d’un réseau de récepteurs et de substances chimiques qui se trouve dans tout notre corps. Cesystème joue un rôle hyper important dans la régulation de nombreuses fonctions, comme l'humeur, la douleur, l' appétit et le sommeil. Il a un rôle fondamental dans notre organisme.
Comme nous venons de le voir, le CBD et le THC interagissent différemment avec ce système.
Le THC, en se liant aux récepteurs CB1, affecte les fonctions cognitives et motrices. Il peut altérer la perception du temps, la mémoire et la coordination. Si vous avez déjà consommé de la marijuana, ces effets ne vous sont peut-être pas étrangers.
Tout passe très vite (ou très lentement), vous pouvez avoir l’impression d’être dans un cocon, ou sur un nuage. On parle d’effet planant. Cela a l’air cool dit comme ça, nous verrons que ce n’est pas toujours le cas…
Le CBD, de son côté, va influencer les effets du THC. Par exemple, il va inciter le THC a se “détacher” plus rapidement des récepteurs, diminuant ainsi les effets du THC.
On a observé que le cannabidiol agissait sur les humeurs et la douleur. Ainsi, il va aider à réduire l'anxiété, l'inflammation et la douleur sans provoquer de "high”. Vous ressentez les bienfaits de la plante sans être “défoncé”.
En résumé, le CBD va moduler et influencer notre organisme sans en prendre le contrôle total. Une interaction indirecte, contrairement au THC, qui a une interaction directe. Vous l’avez, c’est la deuxième différence : les effets !
Si vous avez entamé cette lecture, c’est sûrement que vous avez déjà entendu parler des bienfaits thérapeutiques du cannabidiol, et que vous voulez comprendre pourquoi le CBD serait différent du THC alors qu’ils viennent tous deux de la plante de cannabis.
J’espère que vous y voyez plus clair sur le fonctionnement de ces deux cannabinoïdes. Nous avons évoqué l’effet planant du tetrahydrocannabinol, voyons un peu les autres impacts de cette substance sur notre organisme.
L'impact du THC sur la santé mentale et physique
Effets psychoactifs et risques potentiels
Le THC provoque, le plus souvent, euphorie, relaxation, et altération de la perception du temps et de l'espace. Ça, j’imagine que tous les fumeurs de marijuana l’ont, et que surtout ce sont les effets attendus. Notez que ces effets peuvent varier selon la dose et la sensibilité de chacun. Les effets ne sont aucunement garantis ! Il y en a d’autres beaucoup moins “glamour”.
En effet, une consommation excessive de THC peut augmenter les risques d'anxiété, de paranoïa, et dans certains cas, de schizophrénie. Vous avez peut-être entendu parler de “Bad Trip”. L’angoisse et la paranoïa sont complètement exacerbées. Un moment plus ou moins long où la personne se sent vraiment très mal !!!
Malheureusement, si la personne qui consomme de la marijuana souffre d’une maladie mentale (comme la schizophrénie pour ne citer que cet exemple), les symptômes de cette maladie risquent d’être amplifiés. C’est pourquoi, il est important de contrôler son usage (et le dosage!).
Dépendance, schizophrénie et autres risques pour la santé
Nous y voilà ! Vous devez savoir que l'usage fréquent et à long terme du THC peut entraîner une dépendance psychologique (contrairement au CBD !).
Selon une étude sur des consommateurs publiée en 2020, environ 9% des consommateurs de cannabis deviennent dépendants. Ce chiffre augmente avec la fréquence de l'usage. Sachez aussi qu’une consommation élevée de THC pourrait augmenter le risque de troubles psychiatriques, comme la schizophrénie. Ce risque est amplifié pour les personnes qui sont génétiquement prédisposées à cette maladie.
Ensuite, le THC peut aussi affecter le développement du cerveau. Des études montrent que l'usage de cannabis à forte teneur en THC pendant l'adolescence peut avoir des effets durables sur la mémoire, l'attention et la capacité d'apprentissage. Plus tôt le THC est absorbé, plus les risques pour la santé sont importants, sans parler des dégâts sur le cerveau.
Enfin, les autres effets notés sont le manque de motivation et la dépendance psychologique. Pas terrible pour une substance qui semble de prime abord “cool”. Je rappelle ici que ces effets concernent une consommation quotidienne sur plusieurs mois voire années.
Malgré ces dangers, plus de 900 000 personnes* entre 11 et 75 ans consommaient encore de la marijuana en France il y a 2 ans. On est d’accord que parmi toutes ces personnes, les besoins et les attentes ne sont pas forcément les mêmes. Tous n’ont pas forcément envie de “s’éclater” ou de défoncer. Pourquoi consommer ? Quels effets sont attendus ?
Sans partir dans des débats sociaux ou politique (addictologie tabac, accessibilité, influence…), on peut facilement imaginer ce que beaucoup de personnes recherchent en fumant de la marijuana. Détente, relaxation, et même pour certains anti-douleur. Car, oui, le cannabis offre des bienfaits intéressants d’un point de vue bien-être ainsi que thérapeutique.
Les bienfaits thérapeutiques du CBD par rapport au THC
Propriétés anxiolytiques et anti-inflammatoires du CBD
Le chanvre est largement étudié pour ses propriétés anxiolytiques et anti-inflammatoires. Traduction : on étudie son fort potentiel anti douleur et anti stress.
En effet, les quelques études réalisées sur le sujet montrent que le CBD a une influence (positive bien sur !) sur l’organisme et peut réduire les troubles anxieux comme le trouble de stress post-traumatique (TSPT), le trouble panique et l'anxiété sociale. Comment ? En grande partie grâce à ses interactions avec la sérotonine (la fameuse hormone du bonheur).
Le CBD a également été étudié pour ses propriétés anti-inflammatoires. Il agit en modulant l'activité des cellules immunitaires et en réduisant la production de cytokines* inflammatoires. Pas mal, non ?
Pour preuve, il est parfois utilisé en traitement pour des maladies inflammatoires chroniques comme l'arthrite, Parkinson ou encore la SEP (sclérose en plaques). Vous le constatez, les effets du CBD sont nombreux, et son potentiel thérapeutique est déjà exploité.
En outre, le CBD est aussi souvent vanté pour ses bienfaits sur le sommeil et sur la douleur, vous savez maintenant pourquoi et comment il agit !
Ce n’est pas un placebo, ni un effet de mode et si son usage est de plus en plus courant, c’est que plusieurs chercheurs et médecins s'intéressent de près à ses propriétés bienfaisantes. Voyons cela de plus près.
Utilisations médicales et compléments alimentaires à base de CBD
Et oui, la plante de cannabis a, depuis plusieurs années, ses entrées dans le monde médical. Un exemple bien connu est l'Epidiolex, un médicament approuvé pour traiter des formes rares et sévères d'épilepsie chez les enfants (syndromes de Lennox-Gastaut et de Dravet ou à la sclérose de Bourneville). Il a déjà prouvé son efficacité et est prescrit par de nombreux médecins à travers le monde.
Dans un cadre médical, on parle de cannabis thérapeutique. Il faut savoir que les expérimentations dans le milieu médical sont faites avec 3 types de fleurs de cannabis :
- fleurs avec THC dominant
- fleurs avec CBD dominant
- fleurs avec un ratio équilibré
Ainsi, le THC n’est pas totalement inintéressant et a son utilité dans la plante. Pour expliquer l’utilisation du THC dans les traitements thérapeutiques, nous allons aborder l’effet d’entourage. Je vous explique.
Cet effet suppose que les différents composés de la plante de chanvre interagissent entre eux, se stimulent afin d’amplifier les bienfaits thérapeutiques de chaque composant de la plante.
Le tout est plus que la somme de ses parties. Aristote
Ainsi, le THC aurait un rôle à jouer et n’est pas forcément à exclure. Il suffit de trouver un équilibre thérapeutique pertinent.
Dans cet esprit, l’ANSM délivre une autorisation pour les expérimentations du cannabis pour certaines situations (douleurs neuropathiques, symptômes liés au cancer, SEP…). Les produits utilisés pour des traitements thérapeutiques importants contiennent du THC. THC et CBD s’allient et se stimulent pour offrir le meilleur du cannabis.
Au-delà de l’usage thérapeutique évoqué, le CBD légal (taux de thc <0,3%) est souvent conseillé par les professionnels de santé. N’oublions pas que cette substance est naturelle et permet d’éviter pas mal d’effets indésirables de traitements traditionnels (notamment pour les insomnies). Discutez-en avec votre pharmacien, vous verrez !
Les différentes formes disponibles
Cela étant dit, voyons maintenant comment consommer le CBD. Le plus simple pourrait être les capsules de CBD. Il s’agit d’huile de CBD encapsulée disponible sur commande (et prescription) en pharmacie. Le dosage est précis et la prise ultra simple : vous avaler une gélule (le soir pour les insomnies par exemple).
De nombreuses autres formes sont utilisées pour ingérer le cannabidiol. Vous pouvez trouver, dans les boutiques spécialisées en France ou sur les sites dédiés, du distillat pour vapotage, des fleurs bien sûr, de la résine, et aussi des compléments alimentaires comme des gummies, des infusions, des boissons, de l’huile… J’ai même vu des sucettes récemment !
Parmi toutes les formes disponibles, l’huile de CBD est la plus populaire. Tout simplement parce qu’elle est polyvalente. On peut l’utiliser en soins topiques ou en sublinguale. Les usages sont multiples : cosmétique, gestion de la douleur, amélioration du sommeil, récupération sportive… Avec un seul flacon vous pouvez résoudre plusieurs problèmes !
C’est ma forme préférée car je peux optimiser mon achat. Avec le même flacon, j’ai une cure de sommeil, un compagnon détente en période de stress (comme les périodes de travail chargée, ou encore la rentrée scolaire…). J’ai aussi un produit pour fortifier mes cheveux (un mois de cure cet hiver, c’était top !) et une huile en soin du soir pour mon visage.
Pour conclure je dirais que le CBD, substance tout aussi naturelle que le THC, ne provoque pas de dépendance ni de danger pour la santé. Il peut se prendre sous différentes formes (fleurs vaporisées, huile, vapotage, gummies…) et en plus sa consommation est légale ! C’est donc un produit à privilégier pour la relaxation, la gestion de la douleur et les insomnies.
A la lecture de cet article, j’espère que vous constatez qu’avec le THC, il faut être prudent. Le THC ce n’est pas que de la fumette et de la défonce. Associé au CBD, il a un réel potentiel pour la santé et le bien-être. Les deux sont différents mais peuvent aussi se compléter à merveille, tant que l’on sait doser !
Ainsi, les produits à spectre complet (taux de THC légal, c’est à dire à moins de 0,3%) pourront ainsi séduire les insomniaques, ou encore les personnes cherchant des solutions naturelles pour calmer les douleurs chroniques.
L’avantage du CBD c’est que même seul, il a de réels bienfaits sur l’organisme. Si vous êtes intolérants au THC ou que vous êtes soumis à des tests anti drogue, vous pouvez quand même bénéficier des bienfaits de la plante, avec des produits à spectre large (dépourvus de THC).
Chacun peut trouver avec le chanvre une solution naturelle pour améliorer son quotidien et traiter divers maux comme les insomnies, les douleurs chroniques, l’anxiété sans risque de dépendance ou de dangers pour la santé.