Le 23 octobre 2020, le Parlement européen, à la suite d'un vote, s'est prononcé en faveur de l'augmentation de la limite à 0,3% de THC dans le chanvre. Cette décision, que l'ensemble du secteur agricole européen et le lobbying de l'Association Européenne du Chanvre Industriel (EIHA) ont longtemps défendue, est désormais inscrite dans la réforme de la politique agricole commune.
Quels sont les effets directs sur le terrain ? Qu'est-ce que cette décision représente pour l'agriculture du chanvre en Europe ? Il est certain que ce vote provoque un certain émoi pour la commercialisation du chanvre.
Depuis 1999, le taux autorisé de THC dans le chanvre était limité à 0,2%. La fixation de ce seuil était motivée par une volonté politique visant à rendre impossible la culture de marijuana dans les productions de chanvre industriel. Pendant ces dernières années, de plus en plus de pays au niveau mondial ont vu légaliser la production de différentes variétés et adopter une limite à 0,3% de THC dans le chanvre.
Prônant l'inexistence d'un risque avéré dans la réévaluation du taux, l'Association Européenne du Chanvre Industriel a longtemps lutté contre le maintien de la limite historique de 0,2 %. Celle-ci représentait jusqu'alors un véritable barrage à la production de chanvre dans l'union européenne car la proportion de CBD, pour la plupart des variétés cultivées, augmente proportionnellement avec le taux de THC.
L'utilisation d'espèces de chanvre à fort rendement se voyait donc impossible. Cette décision de passer de 0,2% à 0,3% le taux de THC autorisé de la part de l'union européenne va conforter les industriels et permettre de nombreux débouchés en matière de culture du chanvre en Europe.
Par ce vote, le Parlement européen a voulu donner à l'Europe la possibilité de rattraper son retard dans la culture du chanvre et de se battre avec les acteurs étrangers sur un même pied d'égalité, la plupart des pays au niveau mondial ayant d'ores et déjà adopté cette solution.
Cette décision s'est accompagnée d'un certain nombre de dispositions et de règles visant à améliorer les conditions économiques de production et de commercialisation du chanvre.
C'est un ensemble de nouvelles normes qui voit le jour en matière d'étiquetage, de définitions techniques, d'emballage, de méthodes de production ou encore de lieux de culture du chanvre. Ce vote apporte plus de précision quant à la chaîne de production et la vente de cannabis. Le chanvre en Europe fait ainsi son entrée parmi les produits pouvant être réglementés par des normes de commercialisation précises
L'ouverture de la commercialisation du chanvre sur le territoire européen ouvre d'importantes opportunités à la filière agricole. Les circuits de distribution sont pléthores et l'utilisation du chanvre dans les produits industriels en incessante évolution.
La graine de chanvre est largement utilisée dans la fabrication d'aliments pour animaux et notamment pour les oiseaux et les poissons.
La cosmétique représente également une filière prometteuse dans l'utilisation du chènevis, l'autre nom de la graine de chanvre.
Le bois, ou chènevotte, et les fibres de la tige sont exploités pour la fabrication de matériaux isolants dans le bâtiment, de papiers spéciaux, ainsi que, dans une moindre mesure mais potentiellement intéressante, dans le secteur du textile. Le bois de la tige du chanvre est également usiné en litières pour animaux, paillage horticole ou encore en granulat pour les bétons végétaux.
Les déchets verts et poussières végétales générés par les résidus du chanvre sont valorisés par la filière énergétique.
A noté que les feuilles et les fleurs comportent des éléments entrant dans la fabrication de produits pharmaceutiques ou pour des compléments alimentaires. Les industries agro alimentaires ne sont pas en reste, la production d'huile alimentaire à partir du chanvre est désormais une réalité. Enfin le CBD est de plus en plus privilégié pour traiter un grand nombre de pathologies diverses et variées.
Pour toutes ces propriétés, il est facilement compréhensible que l'intégration de la culture du chanvre dans les productions agricoles et industrielles au niveau européen représente des intérêts marqués sur le marché.
Le relèvement de cette limite à 0,3% de THC dans le chanvre est perçu par les acteurs économiques du secteur comme une levée de bouclier permettant de s'aligner sur la concurrence étrangère et de pouvoir, enfin, développer une industrie du chanvre prolifique et profitable sur le territoire européen.
Daniel Kruse, le président de l'Association Européenne du Chanvre Industriel estime que cette décision représente un avenir vert pour tous les européens et un moment historique pour son industrie, estimant néanmoins qu'il reste encore à faire.
