Cannabis médical : la mise en place « réalisable et opérationnelle » selon un rapport d’expérimentation

Ce que révèlent les rapports d’expérimentation du cannabis médical.

Il y a quelques semaines, nous évoquions la volonté du gouvernement de reconduire l’expérimentation de mise à disposition de cannabis médical… avant même son terme.

Entre temps, les trois rapports commandés par le gouvernement ont été remis en temps et en heure et tous possèdent un aspect en commun : ils livrent des conclusions positives et favorables à une mise en place du dispositif.

Souvenez-vous : le 31 mars 2022, soit au démarrage de l’expérimentation, on dénombrait 1450 patients. À date, 1036 patients font toujours partie du dispositif, 406 l’ont quitté et 8 personnes sont sur le point de le rejoindre.

Parmi ces 1450 patients au total, les motifs d’inclusion les plus représentés sont les douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles , la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques et des formes d’épilepsie pharmaco-résistantes.

Sur les 406 patients qui sortis de l’expérimentation, 38 % d’entre eux ont indiqué « effet indésirable » comme cause, 37 % ont pointé « l’inefficacité du traitement » et 15 % sont décédés au cours de l’expérimentation.

Globalement, les résultats recueillis sont encourageants. Ce sont les patients atteints de douleurs neuropathiques et de spasticité douloureuse de la sclérose en plaques pour lesquels les résultats se sont avérés les plus convaincants et significatifs.

Autres indications qui figurent dans les satisfactions globales : oncologie et situations palliatives. En l’occurrence 52% des patients « oncologie » ont ressenti une amélioration allant de « légère à très importante ».

Les conclusions du premier rapport sur l’objectif principal de l’expérimentation sont formelles : « Les résultats issus des données du registre et les informations qualitatives obtenues grâce aux entretiens avec les acteurs de terrain ont permis de valider la faisabilité du circuit de mise à disposition du cannabis médical pour la majorité des étapes - au regard de ces conclusions, l’évaluation réalisée ici permet de répondre à l’objectif principal de l’expérimentation à savoir que le circuit de mise à disposition du cannabis médical pour les patients français est réalisable et opérationnel dans les conditions définies et mises en place en pratique. »

Seule l’efficacité du cannabis médical échappe pour l’heure à ces conclusions formelles, pour une raison simple : l’expérimentation ne visait pas à la mesurer (panel trop restreint et suivi jugé court).

Ajoutons que l’ANSM, également consultée via un second rapport, n’a fait part d’aucune réserve ni d’opposition à la mise à disposition de cannabis médical.

Des retours patients dithyrambiques suite à la prise de cannabis lors du test

Et les patients, qu’en pensent-ils de cette expérimentation ? Les réponses obtenues ont été incluses dans un troisième rapport intitulé Parcours et perception des patients :

  • 68 % indiquent avoir perçu des effets bénéfiques
  • 32 % des patients ayant perçu des effets bénéfiques disent en avoir perçu « beaucoup », aussi bien en ce qui concerne leur état de santé que leur qualité de vie
  • Ils soulignent également une nette satisfaction au niveau de la prise en charge médicale depuis le début de leur participation à l’expérimentation – note moyenne de 8,2 sur 10 dont 51 % ayant attribué une note supérieur ou égale à 9/10

Des tendances se dégagent parmi les répondants :

  • La mise à disposition de cannabis médical est perçue comme positive et se justifie dès lors que cela soulage et aide les patients à mieux supporter leur condition
  • Les patients qui ont ressenti des effets bénéfiques souhaitent continuer à consommer du cannabis médical
  • Si l’expérimentation venait à prendre fin ou que les conclusions livrées conduiraient à un abandon du projet global, certains patients poursuivraient leur consommation même de manière illégale

Le ministère de la Santé a fait savoir qu’en dépit des conclusions positives livrées par les trois rapports, il faudra encore du temps et des études additionnelles avant d’avancer sur la mise à disposition de cannabis médical.

Des données manquantes, un panel trop faible en termes de nombre, un manque de participation de la part des médecins généralistes et l’absence de définition du statut des produits utilisés lors de l’expérimentation sont les raisons avancées afin de justifier cette position.

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