Culture du chanvre : entre opportunisme et résilience

Le CBD suscite également un intérêt croissant grâce à son potentiel écologique qui offre des perspectives prometteuses pour une culture durable et respectueuse de l'environnement.

Le chanvre permet des usages multiples

La prise de conscience écologique globale aidant, c’est tout naturellement que le chanvre fait désormais figure d’opportunité. On lui prête des origines remontant au néolithique, la Canebière était un carrefour mondial du commerce de chanvre entre le XIVème et le XVIIème siècle : une pratique ancestrale, résiliente. Elle offre également une multitude d’usages lorsqu’on la cultive.

Parmi les exemples les plus connus, les matériaux de construction, d’isolation et automobile ; l’alimentation, les biocarburants, les combustibles. Citons également les domaines de la médecine et de la pharmacie : les fleurs de chanvre, et les produits à base de CBD plus généralement, génèrent de nombreuses réflexions. Si l’on reconnaît certains bienfaits, la vaste majorité des cannabinoïdes et leurs mécanismes de fonctionnement demeurent encore incompris.

La plante de chanvre, une aubaine pour les agriculteurs ?

Tous ces usages décrits précédemment répondent à des besoins croissants. Une aubaine pour les agriculteurs ? Économiquement, il semblerait. Intéressons-nous à présent aux caractéristiques écologiques de la plante de chanvre. Tout d’abord, sa culture ne nécessite ni intrant ni irrigation. De quoi renforcer la résilience qu’on lui prête. Le chanvre possède également un système racinaire profond qui structure le sol, tout en restituant l’azote.

Cela concourt à préserver les éléments nutritifs et fertilisants de la terre. La plante de chanvre excelle dans le stockage du CO2. On estime qu’un hectare de chanvre stocke 15 tonnes de CO2 par an, soit autant qu’un hectare de forêt. Enfin, la plante de chanvre ne nécessite un entretien proche de zéro entre la semence et la récolte… en plus d’étouffer les mauvaises herbes en raison de sa pousse rapide !

La prise de conscience selon laquelle il est urgent de privilégier les cultures écologiques progresse fortement chez les agriculteurs, principalement ceux de la nouvelle génération.

Face au réchauffement climatique, la tendance semble désormais inexorable, telle une lame de fond. La nécessité de produire sain, sûr et durable est aussi plébiscitée chez les consommateurs. Les cultures respectueuses de l’environnement sont ainsi vouées à un bel essor au cours des décennies à venir. Le chanvre (“hemp” en anglais) compte indéniablement parmi celles-ci.

  • - La plante suscite l’intérêt des industriels et des entrepreneurs du monde entier tant les utilisations de la plante peuvent être multiples : tissus, cordages, matériaux de construction et d’isolation, plasturgie automobile (fibres), combustibles, biocarburants, cosmétiques, alimentation humaine ( huile de chanvre riche en oméga 3 et 6 par exemple) et animale (graines, chènevis), médicaments (Sativex, etc...), produits de la filière chanvre bien-être ou autrement dit produits à base de cannabidiol CBD etc...
  • - Tombées aux oubliettes pendants de nombreuses décennies sous l’influence de l’industrie pharmaceutique, le chanvre suscite depuis peu un engouement sans précédent au niveau de la recherche médicale. De nouveaux médicaments sont progressivement homologués. On parle alors de cannabis ou chanvre médical ou bien encore de cannabis ou chanvre thérapeutique. Tandis que les qualités thérapeutiques du chanvre, y compris sous sa forme naturelle (fleurs de CBD), sont aujourd’hui redécouvertes avec force, la plante recèle encore de nombreux secrets : le fonctionnement de la plupart des cannabinoïdes reste aujourd’hui incompris.
  • - Catastrophe climatique en cours oblige, les agronomes redécouvrent enfin que la culture écologique de chanvre est très respectueuse de l’environnement. C’est ce dernier point qui nous intéresse ici et qui est développé dans la suite de cet article.

Voici pourquoi le chanvre est aujourd’hui l’une des cultures les plus respectueuses de l’environnement au monde :

  • - Grâce notamment à son système racinaire profond (jusqu’à 3,5 m) et en pivot, le chanvre est une culture qui résiste bien à la sécheresse, il nécessite très peu d’eau pour pousser. Il n’y a généralement pas besoin d’irrigation. La sécheresse gagnant de plus en plus de régions du globe, ceci en fait une culture qui redonne espoirs à de nombreux agriculteurs dans le monde, piégés par l’évolution défavorable des sols, du climat et de la biodiversité.
  • - La culture écologique de chanvre ne nécessite aucun intrant en terme de produits phytosanitaires : ni insecticide, ni fongicide, ni herbicide !
  • - Le chanvre restitue de l’azote dans le sol, contrairement au coton, par exemple, qui épuise les éléments nutritifs de la terre, surtout s’il n’est pas utilisé en rotation avec d’autres cultures.
  • - Le chanvre stocke du CO2 dans ses structures et participe ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique. On estime la capacité d’absorption d’un hectare de chanvre à environ 15 tonnes de CO2 par an, soit autant qu’un hectare de forêt.
  • - Le chanvre est une plante à système racinaire qui structure le sol et valorisant l’ensemble des éléments fertilisants du sol.
  • - Grâce à la hauteur et à la densité de la culture, le chanvre fait aussi office de bon réservoir de biodiversité pour, (source European Industrial Hemp Association / InterChanvre) "des espèces hygrophiles et ombrophiles d’insectes et d’arthropodes de types forestiers rares et écologiquement fragiles : araignées, scarabées, mouches et guêpes prédatrices, )". Ces espèces sont des régulateurs (prédateurs) des ravageurs des cultures.

Si l’on ajoute à ces vertus écologiques le fait que la croissance du chanvre est si rapide qu’il étouffe les mauvaises herbes (adventice), ne nécessitant ainsi quasiment aucun entretien entre la semence et la récolte, on comprend très vite pourquoi de plus en plus d’agriculteurs se diversifient vers cette culture aux nombreux débouchés.

Au-delà de l’écologie, il est enfin à noter que le chanvre présente aussi des intérêts agronomiques en terme de rendement des sols. Le chanvre est ce que les agronomes appellent une excellente “tête de rotation” (assolement). Afin qu’une parcelle se repose, avant d’y faire pousser des plantes plus demandeuses, le chanvre peut s’avérer un excellent choix. Pour les céréaliers par exemple, les rendements en blé sont incontestablement meilleurs après une culture de chanvre. Alors, le chanvre ? Une production végétale d’avenir, ou pas ?

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