CBD et maintenant… CBG ?

Le CBG est la molécule mère des cannabinoïdes, dont le CBD

L’Union Européenne a rajouté une nouvelle variété de chanvre au catalogue européen le mois dernier. Sa singularité réside dans sa forte teneur en cannabigérol (CBG). On fait le point sur cette molécule et sa comparaison avec le CBD.

120. Ce nombre ne vous évoque rien ? Il s’agit du nombre de cannabinoïdes présents dans le cannabis. Parmi eux, nous retrouvons le CBG ou cannabigérol. Cette molécule a une particularité : elle est reconnue comme étant un cannabinoïde « mère ». Cela signifie qu’elle est à l’origine de l’apparition d’autres molécules dérivées, pour la plupart très connues du grand public. Pensez au CBD, au THC et aux plus confidentielles CBN et CBC.

Si le CBG est aussi observé et réputé prometteur, c’est parce qu’il a la capacité d’activer simultanément les récepteurs CB1 et CB2 dans le système endocannabinoïde. Concrètement, cela signifie que le CBG pourrait potentiellement détenir les bénéfices de tous les autres cannabinoïdes réunis.

Le CBG a déjà fait l’objet d’études par le passé : il a été découvert dans les années 60 lors de recherches réalisées par Yechiel Gaoni et Raphael Mechoulam. Les conclusions ont révélé une hypothétique efficacité sur une liste d’affections comme les maladies inflammatoires de l’intestin, le glaucome et la maladie de Huntington. Le CBG pourrait également avoir un effet inhibiteur au niveau de la croissance des tumeurs. La molécule favoriserait le développement des os et aurait acquis la réputation de ralentir la prolifération des bactéries voire de les tuer.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que des sociétés spécialisées se soient intéressées de près à cette molécule. C’est le cas de l’entreprise italo-néerlandaise Enecta qui, au terme de cinq années de Recherche andamp; Développement, est parvenue à produire sa variété de CBG. Baptisée Enectarol, elle présente des ratios prometteurs : en l’occurrence, 5,5 % de CBG et moins de 0,1 % de THC.

Jacopo Paolini est Président-Directeur-Général d’Enecta. Dans un entretien avec HempToday, il se félicite de l’ajout d’Enectarol au catalogue européen et condamne le manque de variété offert par le marché, il est vrai, sous contrainte de la part de l’Union Européenne : « Il y a un manque de véritables souches de fleurs de chanvre pour les cannabinoïdes en Europe, car la plupart des variétés du catalogue sont des spin-offs de souches de fibres. Les nouvelles génétiques pour l’industrie évoluent à un rythme incroyable, mais le catalogue commun de l’UE ne reflète pas cette évolution. Le manque de nouvelles variétés est un point sensible pour l’industrie européenne du chanvre. »

L’an passé déjà, la Commission européenne avait inclus le CBG à la base de données des ingrédients cosmétiques de l’Union Européenne (Cosing). La Commission avait alors déclaré que la solution pouvait être utilisée sans danger dans une logique de consommation santé et beauté.

Les défenseurs de la molécule sont formels : le CBG dispose de propriétés antibactériennes, anti-inflammatoires et antioxydantes qui soutiennent le système endocannabinoïde dans son rôle de maintien d’une fonction cutanée saine.

CBD et CBG sont proches… et différents à la fois

Le CBG et le CBD ont déjà fait l’objet d’études comparées démontrant un grand nombre de similitudes. En premier lieu, leurs effets constatés comme non psychotropes et leur capacité à réduire l’anxiété. Les recherches ont également révélé des différences, qui peuvent s’avérer complémentaires à certains égards.

Le CBG se démarque déjà de tous les autres cannabinoïdes de par sa composition chimique et par sa structure moléculaire uniques. Il est le point départ de la naissance des autres cannabinoïdes et de leur biosynthèse, ce qui le rend indispensable à la composition des autres molécules. Sa particularité va même plus loin que cela.

Le CBG se lie différemment aux récepteurs du système endocannabinoïde. Alors que le CBD interagit uniquement avec le récepteur CB2 (que l’on retrouve au niveau du système immunitaire), le CBG agit, lui, à l’échelle du récepteur CB1 (situé dans le cerveau) en plus du CB2.

Le cannabigérol est extrêmement difficile à isoler car présent en quantités infimes dans la plante de chanvre, contrairement au CBD.

Enfin, il semblerait que le CBG ait une responsabilité directe sur la sensation de faim que l’on peut ressentir à l’occasion d’une consommation de produits à base de cannabis. De quoi ouvrir des perspectives quant au traitement des troubles de l’appétit qui touchent un grand nombre de personnes.

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